Cataclysmes naturels : ce n’est pas fini

Sécheresse intense et durable, coups de vent violents, quartiers inondés, incendies ravageurs : l’été 2022 restera sans doute dans bien des mémoires. On sait déjà que la chaleur y a été la deuxième plus intense après celle de 2003 et la sécheresse est également la deuxième plus forte après celle de 1976. Tout indique cependant que les ravages de la météo font désormais partie de nos vies et le feront plus encore demain. On considère ainsi que près de six Français sur dix résideraient dans une commune exposée à un risque naturel de type climatique.

Au premier rang de ces risques figurent les inondations ; depuis 1900, plus d’une centaine d’évènements majeurs de cette nature ont été recensés. C’est aussi le premier risque en termes de nombre de communes françaises concernées : près des 2/3 des communes françaises ont été classées à risque d’inondations représentant 64% du territoire. C’est aussi le phénomène naturel le plus couteux au plan économique.

Si en termes de population, les départements les plus exposés sont le Rhône, l’Isère, les Hauts-de-Seine et les Alpes-Maritimes compte-tenu de la densité de leur population, en réalité toutes les communes situées à proximité des grands fleuves (Garonne, Loire, Rhin, Rhône, Seine), ou du littoral (de la Charente-Maritime aux Hauts-de-France) sont exposées à ce type de risque. Il faut y ajouter les riverains de cours d’eau plus modestes mais qui peuvent, notamment dans le sud de la France, se transformer le temps d’un orage en un torrent dévastateur.

Enfin, on a vu apparaitre ces dernières années des phénomènes analogues dans les villes : sous la pression d’une pluviométrie intense, nombre de quartiers sont désormais victimes d’inondations pluviales fréquentes, les réseaux d’évacuation étant rarement dimensionnés pour faire face à des évènements aussi soutenus, quand ils ne souffrent pas d’un défaut d’entretien régulier. En ville comme en campagne, l’artificialisation des sols devenus imperméables, amplifie le phénomène en limitant l’infiltration naturelle de l’eau.

Si la question de l’eau s’affiche donc au premier rang des évènements climatiques destructeurs, les tempêtes suivent de près ; si les tempêtes hivernales touchent traditionnellement l’ouest de la France (Bretagne, Basse-Normandie, Aquitaine), elles atteignent désormais une large partie de la France métropolitaine et peuvent causer de nombreuses victimes et des dommages considérables. Elles aussi voient leur fréquence et leur intensité augmenter au fil du temps.

Moins meurtriers et souvent moins spectaculaires chez nous, les mouvements de terrain arrivent pourtant en 3ème place au hit-parade des évènements naturels que nous subissons. L’amplification des incidents climatiques (fortes précipitations, températures élevées, sécheresse…) y est pour beaucoup. Qu’il s’agisse d’effondrements de cavités souterraines, d’éboulements ou de chutes de pierres, de glissements de terrain ou encore de retrait-gonflement des sols argileux bien connus dans le Sud Ouest argilo-calcaire, ces évènements concernent environ 7 000 communes et présente, pour un tiers d’entre elles, un niveau de gravité fort.

Enfin, si le risque sismique est moins fréquent en métropole, il est pourtant celui qui, dans notre histoire récente, a causé le plus de victimes humaines, juste devant la canicule de 2003 (15.000 décès). Là où il se produit, il peut entraîner des dommages importants sur les bâtiments et les infrastructures et peut également avoir des effets indirects (glissements de terrain, tsunamis, pollution des milieux naturels…).

Mais l’été 2002 restera sans doute comme celui des incendies les plus cataclysmiques de notre histoire récente.

Avec plus de quinze millions d’hectares de zones boisées, la France est régulièrement soumise à des feux de forêts et environ 6 000 communes sont classées à risque feux de forêts en France. Pour une large part, les feux de forêts sont liés aux conditions météorologiques même s’ils posent, aussi, la question de l’entretien des massifs forestiers et des actions de prévention de l’incendie.

Les spécialistes de la lutte incendie considèrent que d’ici 2050 la saison des incendies de forêts devrait s’allonger, passant de trois à six mois et les zones exposées à ce risque devraient s’étendre vers le Nord-Ouest de la France, dans les Pays-de-la-Loire, le Val-de-Loire et la Bretagne, ce qui appellera un redimensionnement des moyens de prévention et de lutte sur le territoire national, à l’image des 10.000 soldats du feu qui ont été mobilisés durant l’été qui s’achève.

Depuis 1950, la fréquence de ces accidents naturels très graves a presque quadruplé, passant d’environ un événement par an entre 1950 et 1996 à 3,6 entre 1997 et 2017. Les inondations notamment se sont multipliées.

Les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) répètent depuis de nombreuses années désormais que le réchauffement global des océans et de l’atmosphère devrait continuer d’accroître la fréquence et l’ampleur des événements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations, sécheresses…), contraignant ainsi pouvoirs publics nationaux et locaux mais aussi les populations à mieux anticiper et prévenir ces risques qui font et feront demain plus encore partie intégrante de leur vie quotidienne.

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