La collecte des ordures ménagères figure parmi les services publics les plus impactés par la hausse du coût des énergies ; en effet, la collecte elle-même pèse financièrement autant que le traitement. Ce surcoût, inattendu par les collectivités avant la crise ukrainienne, vient s’ajouter à la hausse, programmée celle-ci, de la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes) dont on rappelle l’évolution :

Face à ce mur financier qui s’érige devant elles, nombre de collectivités font ces derniers temps le choix de réduire drastiquement le service rendu. La Gazette des Communes cite ainsi l’exemple d’une Communauté d’Agglomération de 53 communes et 73 000 habitants qui a décidé en juin dernier la suppression pure et simple début 2025 du ramassage en porte-à-porte.
D’autres collectivités réfléchissent sérieusement à des choix moins radicaux mais pas moins impopulaires : réduction des fréquences de ramassage, mise en place de la redevance incitative (comme dans l’Agglomération de Fougères en Ille-et-Vilaine) ou encore suppression de la collecte en porte-à-porte pour les OMR mais maintien pour les seuls déchets recyclables triés. C’est le choix qu’a ainsi fait le SMICVAL (chargé de la collecte des déchets dans le Libournais et en Haute-Gironde) ; ce syndicat vient de voter une nouvelle réforme qui imposera d’ici à début 2025 à plus de 200.000 personnes de se déplacer dans des points de collecte collectifs pour jeter leurs déchets ménagers.
Les exemples sont également nombreux des intercommunalités ou syndicats qui choisissent de majorer la fiscalité. Ainsi la communauté Dracénie Provence Verdon Agglomération (Var) dont l’élue communautaire chargée de la gestion et valorisation des déchets n’hésite pas à indiquer que la hausse votée en 2022 sera suivie de quelques autres : « L’agglo gère 90.000 tonnes de déchets par an, dont 40.000 sont enfouies. Sur celles-ci, elle paye une taxe à l’État (TGAP) qui augmente chaque année. De 25 euros la tonne en 2020, elle est passée à 58 euros cette année et atteindra les 65 euros en 2025. Lors du vote du budget, nous avions prévu une augmentation des coûts du transport (mais) cette marge de manœuvre ne suffit pas au regard des projections qui laissent entrevoir une hausse de l’ordre de 10%. Du jamais vu ! La difficulté est que cette majoration arrive au moment du retour de l’inflation… ».
Nul doute que les difficultés du moment vont pousser les élus à inciter fortement leurs concitoyens à réduire d’une manière ou d’une autre leur production de déchets pour tenter d’endiguer des difficultés financières dont nul ne voit pour l’instant le bout.