Si le retour de l’inflation frappe en premier lieu le pouvoir d’achat des ménages, les collectivités territoriales ne sont pas non plus épargnées et cela pourrait avoir des conséquences aussi pour les ménages. A titre d’exemple, les principaux fournisseurs des cantines réclament une hausse de 5 à 10% du prix de vente des repas aux communes.
L’augmentation du coût des matières premières alimentaires et de l’énergie pèse évidemment sur les coûts de production des repas des cantines scolaires. Des négociations sont actuellement en cours pour décider du montant des augmentations pour la prochaine rentrée. A l’issue de ces discussions, les communes auront à se poser la question de savoir si elles répercutent aux familles –et dans quelle proportion– cette majoration de prix.
La moitié environ des communes affiche son intention de répercuter cette hausse sur les familles. Il faut dire que les communes voient elles aussi leurs coûts de fonctionnement nettement progresser du fait de l’inflation. A tel point que l’Association des Maires de France a d’ores et déjà sollicité le nouveau gouvernement “de manière forte et un peu solennelle” pour que la question de l’impact de l’inflation sur les finances communales fasse l’objet de discussions.
Cette mobilisation n’est pas neutre au moment où Christophe Béchu, (éphémère Ministre des collectivités locales désormais remplacé par Caroline Cayeux, maire de Beauvais), s’il excluait la signature d’un nouveau « contrat de Cahors », reconnaissait que des dispositifs nouveaux allaient devoir être imaginés pour que les collectivités territoriales participent à la réduction des déficits publics qui se sont accumulés ces derniers mois.

On rappelle que la dernière année d’application du « contrat de Cahors » (2020) avait été suspendue par le Gouvernement pour cause de confinement. « La dernière loi de programmation des finances publiques 2018-2022 ne prévoyait l’application de la contractualisation construite à Cahors que pour trois ans. Il faudrait donc l’inscrire dans une nouvelle loi de programmation pluriannuelle pour qu’elle s’applique à nouveau. Ce ne sera pas le cas avant l’élection présidentielle »avait expliqué Olivier Dussopt, alors ministre délégué aux Comptes publics. Mais, ajoutait celui qui est désormais le nouveau Ministre du Travail, «j’ai la conviction que la contractualisation entre l’Etat et les collectivités locales est un bon outil ».
De là à imaginer qu’une nouvelle loi triennale de programmation budgétaire pourrait venir refonder les relations financières entre les collectivités et l’Etat, il n’y a qu’un pas. Du côté des associations d’élus, on imagine être mis à contribution pour participer au redressement des finances publiques. « A un moment, il va falloir rembourser la dette. Mon inquiétude, c’est que ce soit les collectivités locales qui en fassent encore les frais. Beaucoup d’entre elles sont à l’os […]. Avec les conséquences de la crise Covid, on ne peut pas nous demander plus », déclarait à l’automne dernier Arnaud Robinet, le maire (LR) de Reims et coprésident de la commission finances de l’association France urbaine.
Le consultant spécialiste des finances locales Michel Klopfer ne s’attend pas à autre chose ; selon lui, il faut s’attendre en 2023 « à une contractualisation renforcée et peut-être même à une baisse des dotations. La France devra assainir ses finances publiques qui étaient déjà très dégradées en 2019, et il n’y aura pas de cadeau pour les collectivités locales ». Certes, une contractualisation plus ou moins négociée est sans doute une mesure moins pénalisante que la baisse de la DGF des années 2014-2017 mais, au final, qu’il s’agisse de baisse autoritaire ou de contractualisation, il est patent que les collectivités territoriales seront appelées dans les prochaines années à participer à la réduction de la dépense publique, sous une forme ou une autre.