Contraintes écologiques et sentiments d’injustice : les élus locaux en première ligne

L’urgence de l’action contre le changement climatique

Il n’y a plus grand monde pour contester l’impact négatif de l’homme sur son environnement ni la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. Les choses deviennent en revanche plus compliquées lorsqu’il s’agit de passer aux actions concrètes de cette bataille.

Le rôle central des collectivités locales

Les collectivités locales se retrouvent au cœur de l’action contre le réchauffement climatique : leurs habitants se tournent naturellement vers elles lorsque les canicules se succèdent, que l’accès à l’eau se trouve réduit ou que s’envolent les prix de l’énergie. C’est aussi sur elles que l’État, par la loi ou le décret, fait peser la responsabilité de la plupart des actions mises en œuvre.

Les élus locaux en première ligne de la lutte climatique

Ce sont donc les collectivités – et à leur tête, les élus locaux – qui se trouvent en première ligne face au sentiment d’injustice qu’inspirent de plus en plus les mesures annoncées. Ainsi du ZAN (Zéro Artificialisation Nette) qui vise à réduire l’étalement urbain et l’artificialisation des sols ou encore des ZFE (Zone de faible Émission) qui interdiront demain aux propriétaires de certains véhicules d’accéder en cœur des plus grandes villes ou encore des obligations d’isolation des logements qui pèsent sur les propriétaires bailleurs (permis de louer). Les élus locaux se retrouvent donc en première ligne non seulement dans la lutte contre le changement climatique mais aussi pour faire face à la grogne de leurs concitoyens née du sentiment d’injustice que ces mesures font naître chez beaucoup d’entre eux.

Les clés pour atténuer le sentiment d’injustice

Des chercheurs ont voulu mieux comprendre les enjeux de cette problématique et les moyens les plus adaptés pour y faire face. Parmi ceux-là, on pourra lire en fin d’article une brochure réalisée par Manon Loisel et Nicolas Rio (politistes respectivement à Sciences Po Paris et Sciences Po Grenoble) qui tente de donner des clés de compréhension au service des élus.

Les recommandations des chercheurs

Ces chercheurs identifient trois ingrédients au sentiment d’injustice des habitants face aux mesures de lutte contre le changement climatique :

  • Une contrainte initiée par l’État central et mise en œuvre localement par les collectivités locales.
  • Des citoyens-usagers qui trouvent la mesure injuste.
  • Des réseaux sociaux qui amplifient les colères.

Face à cette situation, la première recommandation de ces chercheurs est de ne pas mettre « la poussière sous le tapis » : ce sentiment d’injustice, qu’il soit fondé ou pas, doit être entendu et ouvertement pris en compte par les élus. C’est une marque de respect à l’égard des citoyens sans laquelle rien de durable ne pourra être mené. Et par analogie au consentement à l’impôt, les chercheurs suggèrent trois conditions pour que le sentiment d’injustice s’estompe chez les citoyens :

  • La transparence et le contrôle : l’époque n’est plus aux décisions verticales imposées. Il faut donner aux citoyens les moyens de comprendre les enjeux, de vérifier leur véracité et la juste répartition des efforts à mener.
  • La contrepartie d’action publique : les citoyens touchés par les mesures envisagées doivent pouvoir mesurer dans le détail (nature, calendrier) les politiques publiques qui seront mises en œuvre en vue de réduire l’impact des mesures.
  • L’accès à la représentation : les citoyens concernés doivent pouvoir dialoguer avec ceux qui prennent les décisions, y compris en apportant leur « vision terrain » du sujet qui n’est pas toujours, loin s’en faut, la moins intéressante.

Pour aller plus loin sur ce sujet, lire la brochure ci-jointe : 

Bernard LUSSET